Ces couleurs chatoyantes, ces géométries incroyables, ces motifs si précis, ces assemblages si chaleureux, et l’on s’intéresse aux vêtements exposés, produits de la tradition d’une des minorités de la Chine, les Miao.
L’exposante est Marie-Paule RAIBAUD, et a commencé son périple à travers les cultures des minorités du Sud de la Chine depuis plusieurs décennies.
Le Musée de la soie de Lyon a exposé de nombreuses pièces de la collection unique et précieuse humainement, qu’elle constituée au fil des années, et de ses économies entièrement consacrées au sauvetage de ces vêtements artisanaux dont le prix ne cessent d’augmenter pour suivre l’inflation des prix des produits de première nécessité, et des autres, inflation à laquelle les Miaos, notamment, sont de plus en plus exposés, leurs échanges économiques devenant de plus en plus monétaires. Désormais, Mme RAIBAUD parle chinois, et aussi certains dialectes du Sud de la Chine, qui est l’aire où elle se rend chaque année. Elle perçoit déjà, de manière fugace mais claire, les pertes de traditions artisanales, où faire, créer, produire, chanter, discuter, échanger, les soirs de veillée étaient des choses normales, routinières, activités qui seront remplacées progressivement par la veille télévisuelle et l’endormissement léthargique.
Beaucoup de vêtements sont réalisés sont la forme de patch-work de petites pièces assemblées, car les femmes Miaos, brodent, cousent dès qu’elles ont une « pause », elles opèrent donc un processus de production fragmenté, et à chaque étape, elles produisent un élément fini, qu’elles réunissent ensuite à d’autres éléments réalisés selon le même mode.
Il est fascinant de constater l’énorme travail de collection de Mme RAIBAUD, car au-delà de la recherche de pièces nouvelles, une recherche demesurée, Mme BAIRAUD documente, et archive tout ce qui est relatif aux techniques et matières employées pour la fabrication des vêtements Miaos, elles les répertorient avec minutie et curiosité, et montre un soin particulièrement attentif au respect des pièces exposées. Sa connaissance de ces minorités de la Chine du Sud, des Miaos fait d’elle une sorte de Miao, une Miao de l’extérieur, une Miao qui serait née par hasard en France, une âme Miao peut-être.
Madame RAIBAUD a constitué une collection de plusieurs dizaines de pièces, et sa collection s’agrandit à chaque voyage, chaque année. On perçoit qu’il y a aussi un énorme travail d’entretien. Aussi, les bonnes volontés, et les personnes ayant le goût de construire, de réaliser, sont-elles les bienvenues dans cette fantastique aventure, dans cette oeuvre gigantesque où Mme RAIBAUD possède expérience et vision. Comme une Chaman?