Vincent PEREZ, réalisateur de « Seul dans Berlin » à Lyon pour soutenir l’association « Enfants – Santé – Cancer «
Jeudi 3 novembre 2016, il est presque 19h00, dans un petit espace réservé du cinéma Pathé Bellecour, et Vincent PEREZ, réalisateur de « Seul dans Berlin » répond déjà à des questions de journalistes, à l’occasion de l’avant-première du film qui sortira en France le 23 novembre 2016. « Seul dans Berlin » est une sorte d’héritage de son histoire familiale. Vincent PEREZ est né en Suisse, son père est espagnol, sa mère est allemande et a connu la période nazie. A la recherche de ses origines, il a enquêté sur ses deux familles, pour apprendre qu’elles avaient résisté aux deux totalitarismes alors à l’oeuvre, franquisme et nazisme, respectivement en Espagne et en Allemagne. Un de ses grands-oncles a été assassiné dans une des chambres à gaz prototypes que les nazis testaient avant de les mettre en place à grande échelle. Aucun des membres de sa famille allemande n’a adhéré au parti nazi, ce qui est un premier acte anti-nazi.
Venant à découvrir « Jeder stirbt für sich allein » (ndlr : la traduction peut en être « chacun meurt pour soi seul ») de Hans FALLADA, qui reprend une histoire vraie, d’actes de résistance au nazisme d’un couple berlinois de 1940 à 1943, il décide de le porter à l’écran, il y a une petite dizaine d’années.
Dans le montage du projet, Emma THOMPSON, qui joue dans le film, l’a beaucoup aidé, et c’est en 2015 que le film est tourné, avec notamment Daniel BRÜHL, acteur allemand, et Brendan GLEESON, acteur irlandais, en Allemagne, dans des décors authentiques, et partiellement retouchés, notamment un quartier quasi désert d’une ville à moitié vide, à quelques kilomètres des frontières Est de l’Allemagne d’aujourd’hui.
Les personnages centraux du film sont des anti-héros, des citoyens ordinaires, tranquilles, mais graves, qui accomplissent des actes héroïques, dans une atmosphère très pesante, où l’on entend les oreilles des murs écouter chaque mot prononcé pour les répéter à la Gestapo. A défaut, les passants, les voisins, les enfants qui défilent avec leur brassard à croix gammée, tous sont de potentiels délateurs zélés, dénonciateurs avides, cruels, et empressés à suivre les directives du parti nazi, des autorités, voire à les précéder.
Après la mort de leur fils unique, au moment de l’invasion de la France en mai-juin 1940, le couple formé par Anna et Otto QUANGEL est très durement éprouvé, et Otto, le père décide de diffuser une parole dissidente, via le simple moyen de cartes postales dont il couvre le dos de messages anti-nazis en prenant soin de masquer son écriture, aidé aussi par son épouse, qui devient sa complice assumée et avisée. Chaque carte postale rédigée est déposée dans des lieux de passage, la première dans les escaliers d’un immeuble de bureau, en prenant soin de ne pas se faire voir. Assez rapidement, ces cartes arrivent sur le bureau d’un commissaire de police chargé de trouver l’auteur de ces cartes postales, et de l’arrêter, pressé en cela par les SS, dont un officier n’hésite pas à le lyncher pour lui signifier à quel point, en tant que commissaire de police, il ne détient rien de la réalité du pouvoir et de la violence coercitive, une scène décisive, un coup de poing, au propre comme au figuré, pour le spectateur, et pour le commissaire lui-même.
Il n’y a pas de combats furieux, avec des centaines de morts qui tombent sous des balles, juste le jeu de cache-cache quotidien entre les héros et tout le monde, car tout le monde peut les dénoncer et les conduire à l’échafaud. Le cache-cache devient devient plus oppressant, quand un premier suspect est arrêté, sous les yeux du couple. Il faut un coupable, le commandant SS décide que ce sera lui, malgré les éléments montrant qu’il n’est pas à l’origine de ces actes. C’est un moment d’accalmie pour le couple qui suspend temporairement ses activités, puis les reprend, après le faux suicide du faux coupable, jusqu’au moment fatal, où le commissaire se trouve finalement en face de Otto QUANGEL, et que celui-ci, sans doute à bout de ce huit-clos permanent parle et avoue la diffusion des cartes postales. Huit-clos car les occasions de parler de manière ouverte pour le couple sont rares, entre les voisins qui épient, les collègues qui surveillent, le moindre passant qui peut représenter un danger, un huit-clos entre soi, au sein du couple. Il faut se comprendre à mi-mots, à mots couverts, ou d’un simple regard, être concis, être attentif à parler à voix basse. Chacun de leurs mots perçu, ou juste lu sur leurs lèvres, par un nazi peut les faire soupçonner. Ainsi la vie se vide, pas à pas, dans les détours emprûntés pour échapper aux regards, aux questions, ou à ceux qui ont vu ou compris qui avait posé une carte postale, une parmi les 285 déposées, et 267 retrouvées et apportées au commissaire.
Les décors de ce huit-clos sont des lieux réels, sobres, issus du plus anodin des quotidiens, un appartement de la classe moyenne, un immeuble, un quartier, quelques rues, quelques bâtiments publics, sans emphase, ni grandiloquence, spartiates, austères. Pour de nombreux plans, on songera aux BD de Tardy, et cela, dès l’affiche du film. C’est un film de résistance, une résistance âpre, opiniâtre, sans l’éclat des faits d’armes, juste la petite musique des jours qui s’écoulent semblables les uns aux autres, avec les soubresauts dramatiques des arrestations ou des rares scènes de violence.
On retiendra ce membre des jeunesses hitlériennes qui dénonce un de ses voisins qui a volé une vieille dame juive de l’immeuble, au motif qu’en fait c’est l’Etat nazi qui a été volé, car rien des biens de la vieille dame ne devrait lui échapper, en manière de morale totalitaire.
On retiendra aussi cette soudaine scène de violence, d’un commandant SS rouant de coups le commissaire qui enquête sur l’auteur des carttes postales.
On songe tout à la fois à « La vie des autres », de 2006 et, par antithèse formelle, aux Damnés, de Visconti.
Le choix de la langue anglaise pour le tournage peut surprendre les commentateurs qui auraient préféré la langue de Goethe pour la version originale. Les circonstances ont conduit Vincent PEREZ à opter pour l’anglais, partant du constat que ce film n’est pas uniquement destiné au public allemand, mais qu’il s’adresse à tous, l’anglais devient alors un vecteur plus propice à sa diffusion dans de très nombreux pays.
Vincent PEREZ indique que « Seul dans Berlin » est déjà sorti en Israël, où il a reçu un excellent accueil. Il sortira aussi en Allemagne, dans presque 100% des salles. Sa sortie est prévue en France le 23 novembre 2016.
Vincent PEREZ est aussi présent pour soutenir l’action de l’association reconnue d’utilité publique « Enfants-Santé-Cancer », dont il est le parrain, et dont la branche Rhône-Alpes est présidée par Bénédicte Grilhault des Fontaines. Cette association, au rayonnement national, forte de 13 antennes régionales, existe depuis 1998. Le constat est terrible, le cancer représente la seconde cause de mortalité des enfants de 0 à 15 ans. Seulement 80% guérissent. Aussi, l’objectif de l’association est-il de soutenir la recherche et le développement de la cancérologie pédiatrique pour obtenir le maximum de guérisons possibles avec le minimum de séquelles. Chaque euro reçu par l’association est utilisé pour la recherche et la guérison des enfants et des adolescents. Elle est animée uniquement par des bénévoles qui travaillent chez eux.
L’association a participé au financement de 117 projets de recherche pour un montant de 6,5 millions d’euros. Pour soutenir son action, il est possible d’en être membre, et/ou de devenir bénévole, et aussi d’effectuer des legs et des donations.
Son action repose sur des valeurs de cohérence de la démarche dans le cadre des plans cancer de l’INCA, de transparence de gestion, d’éthique médicale et de respect des partenaires.
Les recettes de l’avant-première sont versées intégralement à l’association » Enfants – Cancer – Santé « .