Jerry LEWIS, clown rebelle : un film documentaire de Grégroy MONRO, présenté au Festival Lumière 2016
Très populaire en France et en Europe, autant apprécié par la critique que par le public, Jerry LEWIS, ne jouit pas outre-Atlantique d’un même engouement. Il est même mal aimé, et le public le connait pour ses 60 participations à des actions contre la dystrophie musculaire à la télévision.
Aucun documentaire sur Jerry LEWIS n’avait encore été réalisé, et c’est un acteur et réalisateur français, Grégory MONRO, fan de Jerry LEWIS, qui a eu l’idée d’un tel projet. Ecrivant directement à Jerry LEWIS pour le rencontrer, il reçoit un appel de sa part trois mois plus tard, et part à sa rencontre pour l’interviewer, avec des photos, sur lesquelles Jerry LEWIS peut partager ses anecdotes, ses réflexions ou encore ses idées et ses émotions. C’est par la grâce d’une photo que Grégoy MONRO donna à Jerry LEWIS que celui-ci enchaina et ouvrit l’album vivant de ses mémoires pour le documentaire. Agé de 90 ans, Jerry LEWIS garde un grand sens de la répartie, l’esprit clair et vif, et vit toujours dans la perspective de la réalisation de nouveaux projets, après une carrière très bien remplie et très longue, commencée dans les pas de ses parents, à l’âge de 5 ans, l’occasion alors d’une révélation pour le spectacle. Cette carrière aux facettes multiples, s’enrichissant les unes les autres, s’appuya sur son propre talent à apprendre, innover, rebondir, perfectionner, inventer, tout en ayant recours à l’agent de son père.
Rappelons-le, c’est avec Dean MARTIN, sous la forme d’un duo lors de shows et d’émissions pour la radio puis pour la télévision, que Jerry LEWIS connût une grande notoriété aux Etats-Unis, comme comique. Rapidement le duo tourna des films, et finit par se séparer en 1956.
Voyant la photo de Dean MARTIN, Jerry LEWIS, très ému, indique qu’il pense à lui chaque jour et qu’il lui manque énormément, voyant aussi en lui plus qu’un frère.
Après la rupture du duo comique, Jerry LEWIS continue de tourner, comme acteur, puis devient lui-même réalisateur, inventant aussi un procédé de tournage, qui lui permet de voir immédiatement les scènes tournées, et ainsi de gagner du temps, du temps et de l’argent, car désormais ses films sont réalisés avec des délais et des budgets moindres que ceux prévus initialement, dégageant d’important bénéfices, le nerf de la guerre et de la reconnaissance aux Etats-Unis.
A la fin des années 1960, et durant la première moitié des années 1970, sa popularité décline, et ses apparitions sont désormais plus rares, soit comme comédien, soit comme réalisateur, même s’il continue d’animer les téléthons dédiés à la dystrophie musculaire, et effectue des retours grâce à d’autres réalisateurs, comme Martin Scorcese par exemple. Au-delà, son influence sur de jeunes générations d’acteurs et de réalisateurs demeurent importantes et évidentes.
En visionnant ce documentaire, de nombreux souvenirs reviennent à l’esprit, et l’on peut dire que Jerry LEWIS est encore constamment copié, sans être égalé, par un vaste panel d’acteurs, de réalisateurs dans le monde du cinéma, d’une part, et de professionnels de la télévision, d’autre part, en France notamment.
Le témoignage d’un critique de cinéma explicite ou interprête un des ressorts de la psychologie et du besoin de reconnaissance de Jerry LEWIS, par l’absence de ses deux parents lors de sa Bar Mitsva.
Ce documentaire est certes court, mais évite ainsi le possible écueil de la perte d’attention, et adopte finalement un rythme Lewisien, à la fois enlevé et trépidant, bondissant et réflexif, jubilatoire, pour un résultat qui donne vraiment envie d’aller revoir des films, des émissions de Jerry LEWIS, et d’en découvrir d’autres.
Il est aussi très intéressant d’avoir montré Jerry LEWIS exprimer sa propre opinion, sa propre vision, son recul sur son propre travail, à différentes époques, et aujourd’hui, complètant ainsi les propos, les avis, sur lui et son oeuvre, donnés par d’autres. C’est aussi un documentaire extrêmement vivant, sans temps mort, qui ne laisse pas une seule seconde à l’ennui, grâce à une approche à la fois sensible et analytique, très bien rythmée par des séquences intimistes, spectaculaires, nostalgiques, et actuelles.
Ce documentaire sera diffusé sur Arte au début de 2017.