La conférence était animée par Virgile CAILLET, Délégué Général de la FIFAS et les intervenants étaient :
– Sandrine JAUMIER, Cheffe du bureau des biens de consommamtion, DGE
– Laurent LETAILLEUR, Chef du bureau de l’économie du sport au sein du Ministère des Sports
– Pascal AYMAR, Directeur du développement de l’INSEEC SPORT
– Xavier RIVOIRE, Directeur de la communication externe DECATHLON
Le Salon Sport Achat était le moment idéal pour présenter la première étude réalisée sur l’industrie du sport en France, « Enjeux et perspectives des industries du sport en France » menée par la Direction Générale des Entreprises, tant au niveau qualitatif qu’au niveau quantitatif.
Les principaux objectifs de l’étude étaient de :
– Comprendre les pratiques, besoins et attentes de la clientèle tout en identifiant les facteurs clés de succès des entreprises (perspectives et trajectoires d’évolution)
– Etablir les enjeux et opportunités des marchés du sport (forces et faiblesses des industries)
– Identifier les orientations stratégiques et opérationnelles afin de dynamiser le secteur.
De l’avis de Pascal AYMAR, l’étude a été très bien menée, et propose des recommandations pertinentes, tout en évoquant un manque sur le traitement des faiblesses commerciales du secteur, notamment à l’international.
L’une des avancées de cette étude a été de pouvoir faire discuter ensemble la grande diversité des acteurs impliqués, issus du secteur public et du secteur privé, ce qui constitue en soi une base solide pour s’améliorer collectivement sur le sujet.
Evoquant le rapprochement public/privé, Xavier RIVOIRE, directeur de la communication de Décathlon, met l’accent sur le fait que l’innovation n’a pas besoin d’être à 700 euros, car elle doit être accessible.
De même, on ne peut plus concevoir le commerce sans une ouverture absolue à l’international, car n’importe quel commerce qui s’ouvre à l’international fait plus de chiffre d’affaires. L’orientation internationale est capitale.
Le marché du sport : un potentiel énorme
Pascal AYMAR rappelle que le chiffre d’affaires mondial du sport représente 800 millions, et que la France représente 5% du total, pour 200 000 emplois, contre 500 000 emplois dans l’industrie automobile.
C’est un énorme potentiel qui pourrait être mieux exploité avec plus d’esprit commercial à l’international, faiblesse de notre pays, et qui semble le rester.
Une étude, un observatoire, et un mouvement progressif de structuration de l’action collective
Au-delà de ce constat posé par Pascal AYMAR, Laurent LETAILLEUR de la DGF rappelle que la création d’un bureau dédié à l’industrie du sport reflète deux aspects parallèles relevant de la responsabilité de l’Etat et des pouvoirs publics, d’une part, avoir la capacité de financement du sport de haut niveau, et d’autre part, avoir la capacité de financement des sports de masse. La sphère privée doit aussi jouer son rôle. L’étude, et aussi l’observatoire de l’économie du sport permettent d’avoir un lieu de connaissance de l’industrie du sport, et de répondre aussi à des attentes des acteurs privés qui ont besoin d’un interlocuteur public, pour redynamiser l’ensemble, et aussi se projeter à l’international, où par exemple, la France dispose d’un savoir-faire spécifique, reconnu, notamment dans le secteur du football, et des industries de la montagne.
La France a des atouts à faire valoir sur ce marché
Pascal AYMAR ajoute que l’on a l’habitude de considérer le marché du sport à travers son aspect ludique, ou par le prisme du tourisme, alors que c’est en soi une véritable industrie, dont tous les grands pays ne disposent pas, comme par exemple l’Angleterre ou la Russie. La France dispose de cette spécificité comme les Etats-Unis, ou l’Allemagne.
Innovation, communication et internationalisation
Xavier RIVOIRE est très heureux de cet engouement des pouvoirs publics et attend le passage des incantations aux réalisations.
Sandrine JAUMIER indique à ce sujet que Sportec et d’autres outils comme Sports French Ticket constituent des outils publics pour accompagner l’industrie du sport.
Pascal AYMAR au-delà des outils publics témoigne des attentes des consommateurs en matière d’innovations de rupture. On pêche à communiquer sur l’innovation quand elle est là, de manière internationale, et on a du mal à passer àl’étranger.
Afin de remédier à cette mauvaise communication sur les innovations, Sandrine JAUMIER rappelle l’existence d’une exposition sur les entreprises innovantes du sport, qui figureront au catalogue de Business France.
Toujours dans cette perspective, Laurent LETAILLEUR souligne que la candidature de Paris 2024 peut constituer une opportunité très importante, si l’on compare notamment celle-ci avec la candidature de Los Angeles qui s’adosse à la Silicon Valley, à laquelle la French Tech n’a rien à envier.
Dans ce même mouvement, Xavier RIVOIRE revient sur plusieurs expériences vécues, et émet le voeu que l’on pratique moins l’entre-soi, que l’on apprenne et pratique plus les langues étrangères, lors de manifestations ayant lieu à l’étranger.
Un marché intérieur à développer face à des défis multiples
Revenant sur le marché intérieur, les intervenants font le constat que 45% des Français pratiquent un sport de manière régulière, ce qui laisse un marché considérable à conquérir, tout en ayant à faire face à de nombreux défis ou changements dans la pratique même du sport, liés à l’autonomie ou self-service, aux lieux, et à la sédentarité accrue de la génération des 8-15 ans. A cela s’ajoute, une approche communautaire par rapport aux sports, qui deviennent un partage de passions, d’idées, de valeurs, de produits, d’où la nécessité d’un marketing communautaire, et la chance donnée aux marques authentiques, disposant d’un véritable tam-tam communautaire sur les réseaux sociaux, et par le digital, avec la possibilité d’émerger avec des moyens publicitaires bien moindres que dans une époque précédente.
La question se pose des rapports entre le digital, le numérique, le web, les applications mobiles d’une part, et la pratique sportive d’autre part. Pour certains intervenants, le digital concurrence le sport, pour d’autres, il permet au contraire un accompagnement. Le sujet n’est pas épuisé.
Le rôle des fédérations dans la mutation des pratiques sportives doit aussi se transformer pour passer d’un encartage à des services sportifs rendus à des clients.
Entre digitalisation, expériences consommateurs et horaires d’EPS à l’école, le débat est lancé
Malgré tout, le marché est dynamique, puisque l’on parle d’une croissance de 2,5% à 3%, soit 13 milliards, même si on passe beaucoup plus facilement du terrain de sport aux canapés et aux chips. Les clubs douvent faire mieux pour attirer plus de monde.
Des intervenants déplorent la faiblesse des horaires d’EPS (Education Physique et Sportive) à l’école, deux heures sont considérées comme insuffisantes, et l’on déplore l’opposition des fédérations sportives à des horaires d’EPS plus importants, comme 3 ou 4 heures hebdomadaires.
En dehors de l’école, un des axes importants pour promouvoir le sport consiste simplement à s’intéresser à l’expérience des consommateurs qui souvent inventent de nouvelles pratiques, comme le rappelle Pascal AYMAR.
Xavier RIVOIRE complète le tableau en analysant le mouvement de digitalisation de l’activité commerciale, et constate que si les ventes digitales augmentent, les clients digitaux sont les mêmes que les clients physiques. Pour pousser à la pratique sportive, en partant du digital, il y a peut-être des modes à créer.
Nécessité de l’action collective, distribution et soutien aux jeunes talents
Pour Laurent LETAILLEUR, l’économie du sport nécessite de réunir tout le monde autour d’une table, comme pour tous les secteurs
Pour Pascal AYMAR, il y a une prise de conscience par rapport à la formation, par rapport aux starts-ups, et par rapport à la distribution, cette dernière prenant plus de temps que les fabricants pour aller chercher des jeunes qui ont du talent. Autres facteurs à prendre en compte : l’élasticité de la pratique du sport par rapport aux revenus, l’accessibilité du sport pour tous. Ainsi le gouvernement chinois a-t-il promu le sport comme l’une des 5 industries prioritaires et multiplier le nombre d’heures de sports par 2. La Chine vient d’ailleurs en France pour chercher des compétences, à mieux faire connaître.
Dans ce contexte, on remarque un commencement de relocalisation de la production car le différentiel de prix a baissé, ce qui ne s’était plus vu depuis les 15 à 20 dernières années.